J'espère qu'il vous plaira
Les poupées :
Il était une fois, un garçon qui n’était pas comme les autres. Il avait un loisir que les autres ne comprenaient pas, à 13 ans, il jouait encore à la poupée. Bien sûr pas les minables bouts de plastique habituels, mais les vraies poupées, comme celle que Lestat offre à Claudia dans
Entretien avec un vampire, de véritables œuvres d’art, à la fois effrayantes et amicales.
A cause de ces merveilles, les autres le rejetaient. Il s’en moquait bien, les autres étaient si ennuyeux, jamais il ne s’abaisserait à les côtoyer. Il préférait de loin ses poupées, qui chaque soir quand il rentrait de l’école, l’attiraient dans un monde merveilleux où il avait des amis que l’aimaient et le comprenaient.
Mais chaque matin, il fallait repartir, « L’école, c’est ton avenir » disait ses parents. Son avenir dans la réalité, c’était important, il le savait, il fallait trouver un travail pour gagner de l’argent et vivre sans dépendre de ses parents. Mais ces considérations, terre à terre, l’intéressaient de moins en moins. Chaque matin quand sa mère l’appelait, les poupées le pressaient de plus en plus de rester dans leur monde.
Sa mère… elle aussi, elle avait beau l’aimer, elle ne comprenait rien… « Tu es trop vieux pour jouer encore avec ça » disait-elle. Lui, il en avait plus que marre de l’entendre gémir sur « sa passion de gamine ». Elle était triste parce qu’il n’avait pas d’amis à l’école, quelle importance ? Il en avait beaucoup dans le monde des poupées.
Ce soir là, il avait pris sa décision. Qu’est-ce qui s’était passé pour que ça arrive ce jour-là ? Il ne le savait pas lui-même. Il avait été insulté par ses camarades, comme d’habitude, ses professeurs lui avaient sorti le même sermon sur son insociabilité qu’il entendait de tout le monde et tout le temps, et lui comme d’habitude n’avait parlé à personne. C’était peut-être le jour de trop dans la réalité.
Quoi qu’il en soit, le lendemain, quand sa mère l’appellerait, il ne répondrait pas et ne se lèverait pas et quand elle ouvrirait la porte de sa chambre, il ne serait plus là. Il allait partir définitivement dans le monde des poupées, un monde où personne d’autre que lui ne pourrait aller et dans lequel, il le savait, il allait vivre mille merveilles et mille aventures avec ses amis.
Et qui sait peut-être qu’il allait vivre heureux pour toujours dans son monde de poupées.